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Embuscades et guérilla en R 6 Auvergne

 

 

Voici un petit résumé explicatif précisant les conditions dans lesquelles se sont effectués les préparatifs de la Libération à partir des mois de mai et juin 1944 en Auvergne, plus particulièrement en ce qui nous concerne dans le Cantal, et plus précisément encore, à partir du barrage de l’Aigle.

 

  In fine, nous allons vous relater comment ont pu se dérouler les embuscades dans lesquelles les maquisards essayèrent d’intercepter les troupes allemandes en reflux de la région Sud-Ouest qui tentaient de fuir en août 1944 pour rejoindre leurs lignes amies dans l’Est de la France.

 

Le docteur Henri Ingrand (alias Rouvres, Villiers, Mazières, Bessac, Chauray, etc.) a effectué la campagne de France en 1939, comme Médecin-Lieutenant. Démobilisé, dès la fin de l’année 1940, il entre en Résistance. En 1942, il est arrêté par les Allemands à Paris mais parvient à s’enfuir et à se réfugier en Auvergne, où il devient chef régional du mouvement « Combat » puis des Mouvements Unis de la Résistance (MUR).

 

   En mai 1944, il est lui est attribué par le Gouvernement provisoire d’Alger et le Général de Gaulle, chef de la France Libre, le titre de Commissaire de la République avec les pleins pouvoirs (autorité civile et politique) pour la Région R6 Auvergne.

 

 Il désigne comme responsable militaire « Action », le Colonel Émile Coulaudon (alias Rocher, Charlin, Colt, Gaspard, etc.) chef des maquis « Armée Secrète » et MUR de tendance gaulliste pour cette région du massif central. A cette époque les mouvements communistes des Milices Patriotiques, du Front National, des FTP et FTP/MOI garderont leur indépendance d’action jusqu’à leur fusion au sein des FFI en juillet 1944, avec l’AS et l’ORA.

 

  L’organisation de Résistance de l’Armée commandée par le Général Revers (Sinus), et le Colonel Boutet pour l’Auvergne, de tendance giraudiste et attentiste, n’attendait que l’ordre de levée en masse pour s’engager dans les combats de la Libération.

 

  La stratégie initiale des Alliés et des français libres de Londres, était de créer en parallèle du débarquement, pour le printemps ou l’été 1944, des réduits défensifs fortement armés susceptibles d’être ravitaillés par des parachutages conséquents, voire l’apport de renforts militaires.

Cette stratégie découlait d’un plan envisagé à une époque par l’état-major interallié sur l’insistance et à l’initiative des français libres de Londres. Il fut appelé plan « Caïman ». Il s’agissait, ni plus, ni moins, entre le 10 et le 15 août 1944, de parachuter sur une partie du Massif Central, dans la région du Velay en particulier, des milliers d’hommes des forces alliées fortement armés.

 

  Les effectifs projetés, une division légère française FFL, une brigade anglaise, une brigade américaine, auraient été placées sous les ordres du Général Billotte avec comme adjoint Jacques Soustelle, représentant du « GPRF » en place à Alger. Outre le fait que cela aurait permis de détourner l’attention des Allemands, des côtes de Provence où devait se dérouler le débarquement du 15 août, ce projet avait d’autres finalités.

 

Mobiliser, regrouper, encadrer et armer le maximum de maquisards et volontaires de la région. Mais surtout, libérer le Massif Central, interdire la fuite des unités allemandes qui allaient refluer du bassin toulousain après le débarquement de Provence, soit des dizaines, voire des centaines de milliers d’hommes, ceux-ci craignant d’être pris en tenailles par les forces alliées. S’opposer à une arrivée de renforts ennemis venant du Nord de la Loire pour tenter de reprendre le contrôle du centre de la France. Mais enfin, et principalement, faire un effort à l’Est en se portant sur l’axe rhodanien, où environ 20.000 maquisards se seraient opposés à la remontée des Allemands pour les bloquer ou au mieux les retarder, alors que ces derniers étaient poussés par les armées alliées débarquées en Provence.

 

 Mais après le refus des Américains, ce plan ne fut pas accepté et ne vit jamais le jour. Des mobilisations partielles eurent toutefois lieu au milieu du printemps durant lequel des milliers de volontaires se regroupèrent dans des sites définis d’avance par la Résistance.

 

Il en fut ainsi dans les massifs montagneux difficiles d’accès, la Drôme pour le « Vercors », la Savoie pour les « Glières », « Saint-Marcel » pour la Bretagne, « Prayols » pour les Pyrénées, le « Mont-Mouchet » pour l’Auvergne, tel qu’avait déjà tenté de le faire sans réussite le Général de Lattre de Tassigny pour les Pyrénées Orientales lors de sa fuite en novembre 1942, après l’occupation de la zone libre par les Allemands.

 

  Le but était de retenir et d’affronter le maximum des effectifs de l’ennemi, l’empêchant ainsi de se diriger vers les plages de Normandie pour s’opposer au débarquement. C’est ainsi que début mai, sous les ordres de Émile Coulaudon (Gaspard) et son chef d’état-major le Colonel Garcie (Gaston) de l’ORA désigné pour cela, un premier ordre de mobilisation pour l’Auvergne fut publié, ordonnant à tous les volontaires, de se rassembler en groupes ou de manière individuelle, afin de se diriger vers les Monts de la Margeride, en Haute Loire, pour y constituer sur les hauteurs du Mont Mouchet, ce fameux réduit défensif sous la responsabilité de Henri Ingrand qui y demeura jusqu’à la fin des combats.

 

  Environ 3.500 hommes répondirent à l’appel permettant la constitution de près d’une vingtaine de compagnies de combat réparties dans une enceinte fortifiée de plusieurs hectares. L’essentiel de ces effectifs provenaient des MUR et de l’AS. Les maquisards des FTP et de l’ORA furent peu nombreux à rejoindre ce regroupement, sinon quelques officiers de l’ORA qui se présentèrent et se proposèrent d’encadrer certaines compagnies. On y trouva même des équipages de bombardiers américains abattus.

 

  Au début du mois de juin, le même scénario se répéta pour le réduit de la Truyère avec l’arrivée d’environ 1.300 hommes et Venteuges avec l’apport de près de 1.000 maquisards pour la Haute-Loire. Ils furent placés sous le commandement du Colonel Mondange (Thomas), permettant la création de 6 compagnies et d’un état-major. Les combattants de l’ORA quant à eux, se dirigèrent dans les monts du Cantal, où ils s’installèrent en bivouac ou dans des burons aux alentours du col de Néronne et vers le Lioran.

 

  Ils provenaient pour la plupart, tant français qu’étrangers, du barrage de l’Aigle, de la région de Mauriac, de Pleaux et de Longayroux. Ils constituaient ainsi une force d’environ 4.000 hommes constituée en 4 groupements de marche, des formations à caractère militaire, comprenant plusieurs compagnies. Ces hommes étaient peu équipés, peu armés, certains pas du tout entraînés au combat en vue d’affronter l’ennemi.

 

 Ces quatre unités aux ordres du Colonel Fayard (Mortier), étaient :

 

 - Le groupement « Ambor » du chef d’escadron d’Artillerie Pierre Roussilhe,   devenu au soir du 13 août 1944, le groupement « Didier » du chef de bataillon   du Génie André Decelle, installé en zone 10 (Pleaux).

 

- Le groupement « Renaud » du commandant pilote de chasse de l’Armée de l’Air Robert Thollon. installé en zone 22 (Néronne).

 

  - Le Groupement « Eynard » du chef de bataillon du Génie Roger Playe. installé en zone 21 (Riom-ès-Montagne).

 

   - Le groupement « Allard », du chef d’escadron de Cavalerie Auguste Merlat.   installé en zone 6 (Allanches).

 

Nous vous avons déjà précédemment relaté en détail la magnifique histoire de ces quatre groupements. Principalement celle du bataillon « Didier » de l’ingénieur du barrage André Decelle avec ses deux compagnies françaises « Bruno » et « Bernard », ainsi que les deux compagnies espagnoles de militants anarchistes de la « CNT », celles des Capitaines Juan Montoliu-Del-Campo et Manuel Barbosa-Giro. Tous des ouvriers employés sur le mythique barrage de l’Aigle. Durant tout le mois de juin et le mois de juillet, ils cantonnèrent dans les burons du col de Néronne pour les français, et les pentes du Puy violent pour les Espagnols. Cette période fut mise  à profit pour l’entraînement aux combats futurs de la Libération.

 

Début juin, à partir du 10, malgré quelques pertes dans leurs rangs, les Allemands attaquèrent et firent voler en éclat le réduit du Mont Mouchet. Près de deux cent tués et de nombreux blessés furent à déplorer parmi les maquisards et les civils. Pour la plupart, les survivants se sont éparpillés, rejoignant le réduit de la Truyère, certains le Puy de Dôme, l’Aveyron ou la Lozère, d’autres la vallée de la Dordogne et le massif du Lioran.

 

  Quelques jours plus tard, ce fut le tour du réduit de la Truyère d’être attaqué avec le même résultat, près d’une centaine de morts. Désemparés, des centaines de jeunes maquisards et leurs cadres, se regroupèrent et se mirent à l’abri afin de fusionner avec d’autres mouvements de résistance.

 

Devant ces échecs relatifs de la Résistance armée en Auvergne, c’est le 30 juin 1944, que, camouflés dans une grange et sous la protection de leur escorte, les trois grands responsables régionaux des Mouvements Unis, Ingrand, Coulaudon et Huguet (alias Prince), décidèrent de passer au principe du harcèlement, des sabotages, des éliminations, des embuscades, c’est à dire, la guérilla à outrance à l’encontre de l’ennemi.

 

  Cette stratégie initiale de réduits défensifs fut définitivement abandonnée. Désormais, les forces de la Résistance allaient passer au principe de la guérilla faîte de harcèlement et d’embuscades. A partir de là, pour la région R6 Auvergne, furent constituées 29 zones d’opérations dans lesquelles devaient s’activer de manière indépendante et avec une totale liberté d’initiative, environ 300 hommes par zone au sein de compagnies de combat commandées chacune par un officier du grade de capitaine. De cela nous vous en avons déjà parlé en détail.

 

  Chaque chef de zone avait à sa disposition des agents de liaisons, des secrétaires chargés du personnel, des matériels, des équipements et armements, un officier de renseignements et ses agents, des médecins et infirmières, des saboteurs spécialisés et des équipes d’épuration, ce qui veut en dire long…

 

  La force et les particularités de la Résistance clandestine armée dans l’action contre ces troupes allemandes en repli, résident dans ses qualités d’invisibilité, de rapidité, de rusticité, de furtivité, d’élasticité et d’adaptabilité à cette guerre dite de l’ombre, tout ce qui fait le sens de la Guérilla des « Partisans ».

 

  Nous avions évoqué tout le panel de leurs missions, dans l’histoire des fameuses réunions des 12 et 13 juillet 1944, au hameau de la Forestie puis au barrage de l’Aigle le lendemain, que nous vous avions relatée.

 

  C’est le 13 juillet 1944, que tout a changé lors de cette réunion majeure de toutes les forces de la Résistance qui s’est déroulée sur le barrage de l’Aigle. C’est aussi en détail que nous vous avons aussi expliqué le déroulement de cette fameuse réunion et des divers intervenants présents. A la demande des Alliés et du Général de Gaulle, sous la pression de Henri Ingrand et de Émile Coulaudon, avec l’appui du Major britannique Cardozzo (Vecteur) des équipes « Jedburgh », tous ces groupes et mouvements de la Résistance, se sont unifiés pour former les futures « Forces Françaises de la l’Intérieur » (FFI), placées sous les ordres du Colonel « Gaspard » (Coulaudon) avec comme chef d’état-major régional, le Colonel « Mortier » (Fayard).

 

  Le lendemain 14 juillet, l’extraordinaire parachutage de l’opération «Cadillac» sur le terrain « Serrurier » à Pleaux, des 90 tonnes d’armement, destinées à armer l’ensemble de ces forces clandestines. Une fois ramassées, transportées, stockées et réparties entre toutes ces forces, ces armes purent enfin servir à la formation au combat de l’ensemble de maquisards.

 

  Il est vrai qu’avant ces parachutages massifs, l’armement qui équipait les hommes de la Résistance faisait gravement défaut. Généralement, de quoi était-il constitué ?

 

  - De fusils de chasse des paysans, non remis sur ordres aux réquisitions de   l’administration Vichyssoise et cachés dans les campagnes.

 

  - De fusils « MAS 36 », des pistolets-mitrailleurs « MAS 38 » et Fusils-   Mitrailleurs « FM 24-29 », reliquats de la démobilisation de 1940 et des stocks   d’armes camouflés par l’Armée d’armistice.

 

  - De pistolets « Spécial Police 38 » longs, de « MAB » calibre 6.35, de « MAC   35 » calibre 7.65, de mousquetons, ceux-ci provenant de vols ou d’attaques de   Gendarmeries, de postes de Police ou de Miliciens.

 

  - Ou parfois, ce qui était plus rare, des armes récupérées sur les corps de soldats allemands ou miliciens tués, c’est à dire des fusils Mauser « modèle 98 », ou des pistolets-  mitrailleurs « MP 40 ».

 

  Ces parachutages changèrent la donne, car l’armement délivré fut beaucoup plus conséquent et performant avec des armes de tous types et de tous calibres ;

 

  - Des mitraillettes anglaise « Sten » 9mm Parabellum.

  - Des revolvers « Smith et Wesson MK.4 » de 9mm.

 Des carabines « USM .1 » américaines.

  - Des fusils anglais « Lee-Enfield Mark 3 ».

  - Des fusils-mitrailleurs anglais « Bren ».

  - Des fusils américain « Springfield M.1903 ».

  - Des pistolets américains « Browning » calibre 11,43.

  - Des pistolets « Colt 45 M.1911 » calibre 11,43.

  - Des Lance Roquettes Anti-Chars « Piat ».

  - Des grenades défensives « Mills ».

  - Des grenades et des mines anti-véhicules « Gammon », etc.

 Cette année, pour l’anniversaire des 80 ans de la Libération, des cérémonies et festivités exceptionnelles sont programmées à la stèle de Lherm sur la commune de Pleaux en l’honneur de ce parachutage et de tous les hommes qui y ont participé. Remercions tous ceux et toutes celles qui sont à l’origine de cette splendide initiative.

 

  A l’issue de ce parachutage du 14 juillet 1944, les choses ont commencé à bouger. Les compagnies de l’ORA ont été renseignées par le centre « Lafayette » du commandant Pütz (Florange) sur  l’état d’esprit des Allemands, leurs forces et leurs intentions, leurs mouvements, sachant que les troupes allemandes composées principalement d’étrangers de l’Est de l’Europe (Caucasiens, Slaves, Tatares, Cosaques, Polonais, Ukrainiens, etc) en garnison dans les grandes localités du Cantal, allaient réagir, soit pour attaquer, soit pour quitter la région. Dans tous les cas il faudrait les contrer…

 

  C’est comme cela, que pour le bataillon « Didier », trois de ses compagnies ont commencé à se rapprocher de l’axe de fuite de la garnison d’Aurillac. La dernière compagnie espagnole a quitté la zone 22 (Néronne) pour rejoindre la zone 10 (Pleaux) afin d’assurer le contrôle territorial de cette région et la sécurité de la « République libre de Mauriac ».

 

  Dans les nuits des 17 et 18 août, 25 hommes sont parachutés dans le massif de la Truyère. Leur chef, le Lieutenant Earle se blesse gravement et doit abandonner sa mission. Plusieurs autres sont plus ou moins blessés, mais l’ensemble de l’unité parviendra à poursuivre son objectif ; former et encadrer les forces de la Résistance, et à terme participer aux combats de la Libération dans le Massif Central. Il s’agissait du commando américain OSS/OG « Lindsey ». Il sera placé sous les ordres du Major Cardozzo, et participera à tous les combats qui se sont déroulés en Auvergne et au-delà. L’un sera blessé au feu, et trois faits prisonniers par les Allemands à Saint-Flour.

 

Pourquoi évoquer la présence de ce groupe ? Parce que, le témoignage de l’un de ces commandos, nous éclairera sur la tactique employée par les Allemands afin de déjouer les embuscades tendues par les maquisards. Des témoignages identiques seront portés par les hommes du commando américain « Patrick » du Prince Russe, le Colonel Serge Obolensky, parachutés durant les nuits des 15 et 16 août dans le département de l’Indre, avec pour objectif libérer et protéger le barrage d’Eguzon tenu par les Allemands. Nous y reviendrons...

 

  A partir du mois d’août, les troupes allemandes en garnison ont commencé à se retirer des villes qu’elles occupaient. Partout, les forces de la Résistance ont tout fait pour les intercepter, les ralentir voire les détruire, ce qui n’était pas une mince affaire... C’est ainsi qu’ont eu lieu les combats du Pas de Compaing, du Lioran, de Murat, de Saint-Flour, de Saint-Poncy. Ces troupes ennemies en retraite ont été pourchassées et harcelées, jusqu’à la libération de Clermont-Ferrand et de l’Auvergne.

 

  Les forces FFI, celles de l’ORA en particulier, les ont poursuivi jusqu’au chef lieu de la Bourgogne à Dijon. En Saône et Loire, s’est déroulée la bataille d’Autun où se sont distingués les hommes du bataillon « Didier », c’est à dire les 250 hommes des compagnies « Bernard » du Capitaine Bouchot et « Bruno » du Capitaine Poirier, ainsi qu’une compagne espagnole. De nombreux prisonniers furent faits. A l’issue des combats, près de 80 hommes de ce bataillon s’engagèrent dans la 1ère Armée Française, au sein du Corps Franc « Pommiès » qui deviendra le 49ème Régiment d’Infanterie. Les autres rejoindront le chantier du barrage pour y terminer sa construction.

 

  Tout cela, nous vous l’avons déjà relaté en détail. Une magnifique aventure qui conduira certains de ces hommes du bataillon au cœur de l’Allemagne qui sera défaite en mai 1945.

 

Mais nous allons revenir sur les témoignages des commandos américains concernant le reflux des troupes allemandes du quart Sud-Ouest de la France et l’évacuation des localités d’Auvergne.

 

  Déjà, il faut savoir que les troupes d’occupation qui tenaient garnison dans les villes étaient souvent des forces de second ordre ou de soutien logistique. Les unités d’élites fanatisées, telles que les régiments de la Division « Das Reich » ou d’autres unités d’assaut, avaient déjà rejoint le front de Normandie. Ces troupes de garnison dîtes « Régiments de sécurité », comptaient peu d’Allemands, sinon les officiers et sous-officiers. Il s’agissait surtout de supplétifs volontaires ou contraints provenant des pays d’Europe de l’Est envahis par l’Allemagne nazie.

Les services de renseignements FFI découvrirent lors de l’interrogatoire des prisonniers ou le dépouillement des lettres prises sur les corps des tués, que ces soldats n’étaient aucunement motivés pour  faire le « baroud ». Leur moral était au plus bas. Ils étaient las de la guerre et envisageaient déjà la défaite de l’Allemagne. Ils se voyaient sinon morts ou blessés, du moins captifs dans des camps de travail. Mais surtout ils avaient une crainte sans pareille des maquisards qu’ils désignaient sous le terme de « terroristes rouges ». La terreur que ces « soldats de l’ombre » leur provoquait, leur faisait dire ou écrire qu’ils étaient partout et invisibles en même temps…

Déjà, depuis le débarquement des alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, beaucoup en France parmi les soutiens inconditionnels de l’Allemagne commençaient à se poser des questions ? Le clou fût enfoncé le 2 février 1943 avec la défaite de l’armée allemande devant Stalingrad. La donne changeait de camp, et l’Internationale Communiste s’engagea totalement dans l’action armée. Rien que pour preuve, les 73 miliciens assassinés et les 25 blessés graves, survenus entre les 1er janvier et 11 novembre 1943…

 

Enfin les 6 juin et 15 août 1944, avec les débarquements alliés sur les côtes de France, la débandade pouvait commencer… Les organes de collaboration du pouvoir de Vichy commençaient à partir en déconfiture. Les démissions, les retournements de veste, la fuite, les changements de camps, beaucoup à partir de ce moment voulurent se parer d’une virginité toute nouvelle avant qu’il ne fut trop tard…

 

  Nombreux furent ceux, en Auvergne comme ailleurs, qui quittèrent ces structures de l’État français ou devinrent attentistes car on ne pouvait savoir de quoi serait fait l’avenir ? Quels étaient ces organes et partis ? On peut les citer ;

 

  - Les fonctionnaires d’autorité, comme les Préfets, les Sous-Préfets, les   magistrats du pouvoir judiciaire, les personnels des prisons, les services de   Police et de Gendarmerie, les Groupes Mobiles de Réserve (GMR).

 

  - Les partis politiques tels que le Parti Populaire Français (PPF), le Parti Social Français (PSF), le Rassemblement National Populaire (RNP).

 

  - La Légion des Volontaires Français (LVF), le Service d’Ordre Légionnaire (SOL), la Milice, la franc-gardes, la Légion Française des Combattants (LFC), la Phalange africaine, les Mouvements de Jeunesse « Groupe collaboration », les Compagnons de France, les Chantiers de Jeunesse, etc.

 

  Que nous disent les témoignages des commandos américains ? Au moment de cette débâcle allemande de la mi-août à la fin septembre 1944, les troupes de garnisons des départements évacués, souvent estimées à plusieurs centaines d’hommes voire un millier ou plus, entamaient leurs préparatifs de départ pour quitter les localités en début de nuit. Le soir, en précurseur, ils faisaient partir par l’itinéraire qui devait être emprunté, parfois sur plusieurs axes si les effectifs étaient conséquents, des hommes à pieds, non armés, habillés en paysans ou en civil. Ceux-ci tenaient un rôle d’éclaireurs afin de débusquer les éventuels guet-apens mis en place par les maquis, mais ils savaient par avance qu’ils seraient sacrifiés s’ils étaient interceptés. Ils servaient de leurres et leur but était de faire se démasquer les dispositifs des embuscades.

 

Plus tard, en milieu de nuit, d’autres hommes quittaient les garnisons, cette fois en tenue et armés, soit à pieds soit à vélo, ce qui s’est produit au tunnel du Lioran. Sur leur parcours, s’ils le pouvaient, sous la menace des armes, ils dérobaient tout ce qui pouvait leur permettre de se déplacer plus rapidement, vélos, chevaux, charrettes, voitures, etc. Leur but était le même que leurs prédécesseurs.

 

  Enfin, en seconde partie ou fin de nuit, partaient en colonnes, le reliquat de la garnison avec tous les moyens de déplacement possibles, automobiles et hippomobiles, le tout fortement armé.

 

Au fur et à mesure de leur progression, ils rejoignaient les éclaireurs qui pouvaient leur signaler tout danger pressenti. La plupart du temps ils tombaient sur des obstacles d’abattis ou des points de passages obligés, tels que des ponts détruits par les saboteurs des maquis. Ils étaient ralentis tout le long du parcours et avançaient lentement. Ils emmenaient avec eux leurs blessés, graves souvent, et aussi s’ils le pouvaient leurs morts.

 

  Parfois, les éclaireurs étaient interceptés, parfois ils ne l’étaient pas. C’étaient les aléas de la guérilla. Selon les circonstances, les embuscades réussissaient ou échouaient. Si les éclaireurs en civil passaient sans encombre, les maquisards ne réagissant pas, l’embuscade pouvait réussir. La plupart du temps ces soldats allemands de toutes armes qui se repliaient, se cachaient dans les bois avec tous leurs équipements durant la journée pour se reposer. Puis la nuit venue, ils reprenaient leur cheminement, aussi pour échapper aux attaques venues du ciel de l’aviation alliée.

Monter une embuscade ne s’improvise pas. Il faut déjà connaître par le renseignement, quel itinéraire risque d’emprunter l’ennemi. Il faut ensuite trouver l’endroit idéal, le lieu propice pour tendre un guet-apens. Tenir compte de la sinuosité et du relief de la route, aussi que de son environnement proche. Rechercher un point de passage obligé cause de ralentissement pour le convoi attendu (sommet de côte, pont, virage, lisière de bois, talus ou collines proches, etc.). Pour les maquisards, envisager un chemin d’approche discret et un itinéraire de repli différent de celui emprunté à l’aller. Seul l’effet de surprise compte. Placer des obstacles ou des abattis ne sert à rien, sinon ralentir, car l’ennemi les verra de loin et stoppera aussitôt. Les hommes débarqueront, contourneront le piège tendu sous la protection de l’armement collectif du convoi et reconnaîtront l’obstacle en toute sécurité.

  L’effet de surprise, principe intangible, c’est l’ouverture du feu sur la voiture ou le camion de tête au moment où les occupants s’y attendront le moins. L’usage d’un fusil-mitrailleur ou d’une arme anti-char est primordial. A défaut, la dissimulation d’une ou plusieurs mines. Il s’agit de stopper tout le convoi par la mort du ou des conducteurs de tête, la destruction des moteurs ou des pneumatiques des premiers véhicules, suivi d’un incendie si possible. Pour atteindre ce but, il est nécessaire d’avoir suffisamment d’hommes à disposition. En principe, l’effectif d’une section est le minimum, soit 20 à 30 hommes, car une attaque avec un nombre inférieur risque d’être condamnée à l’échec. Les convois allemands de l’époque comptaient au minimum 200 ou 300 hommes répartis dans plusieurs camions, qui pour des raisons bien comprises de sécurité, restaient distants les uns des autres. Parfois, ils étaient accompagnés d’un ou plusieurs véhicules blindés légers (auto-mitrailleuses).

 

La mise en place d’un dispositif d’embuscade répond à des principes de préparation incontournables. Pour qu’elle ait de grandes chances de réussite, il faut que les maquisards installent leur dispositif de la manière suivante ;

 

  - Un homme (Sonnette) armé d’une « Sten » ou d’un pistolet, caché et placé en avant-garde et à une assez grande distance du piège, qui signalera par un procédé quelconque, l’arrivée du convoi.

 

  - Un élément d’arrêt (Bouchon), d’un ou deux hommes avec FM ou « Bazooka », camouflé et protégé des tirs, chargé de stopper le premier véhicule adverse. Puis d’appuyer ensuite l’attaque proprement dite de l’embuscade par ses feux.

 

  - Un groupe d’une quinzaine d’hommes (Assaut) armés de « Stens », grenades et fusils, qui réparti sur un seul côté de la route, ouvre le feu dès l’arrêt du convoi, puis se lance s’il le peut sur l’ennemi, l’obligeant à fuir dans la direction opposée, battue par le FM de l’élément d’arrêt (Appui).

 

- Un groupe de soutien (Couverture) de 3 à 5 hommes, (Stens et fusils) mis en rideau un peu en amont de l’embuscade pour empêcher toute progression ennemie débarquée des camions, qui tenterait de contourner le piège et prendre à revers les maquisards. C’est aussi grâce à leur feu de protection que les hommes de l’embuscade peuvent dès lors décrocher.

 

  - Enfin, une équipe de 2 à 3 hommes (Recueil) armée de « Stens », chargée en arrière de l’embuscade d’attendre en un point donné le retour de tout l’effectif engagé, avec ses blessés si possible, par un chemin ou sentier de repli, différent de celui emprunté à l’aller

  Il faut savoir que durant tout le mois de septembre, ce sont des dizaines de milliers d’hommes qui tentaient par tous les moyens de s’échapper de la poche que deviendrait le Sud-Ouest après la jonction des armées alliées provenant de Normandie et de Provence, et dans laquelle ils resteraient piégés. C’est ce qui se produisit d’ailleurs à Châtillon-sur-Seine en Bourgogne le 12 septembre 1944. Durant plusieurs semaines, les divers axes routiers reliant Clermont-Ferrand à Paris, furent traversés par nombre de soldats allemands, soit en groupes isolés, soit en unités constituées. Par tous les moyens ils tentaient de rejoindre les lignes de défense allemandes installées dans les Vosges. Tout le long de leur parcours, ils durent se battre et livrer combat aux maquis, tant locaux que régionaux, ceux-ci souvent renforcés par les Régiments des Forces Françaises Libres.

 

  C’est comme cela que 75.000 soldats allemands se retrouvèrent bloqués dans ce qu’on a appelé « les poches de l’Atlantique ». N’ayant pas pu s’échapper à temps, ayant dû refluer devant l’avancée des armées alliées ou les attaques incessantes des maquis, ou ayant simplement reçu l’ordre de résister dans ces ports situés à l’Ouest et au Nord de la France, ils ont dû défendre ces « forteresses », certaines jusqu’à la capitulation de l’Allemagne en mai 1945. Citons-en quelques unes ; L’île d’Oléron, les îles anglo-normandes, Lorient, Saint-Nazaire, Royan, la Pointe de Garde, La Rochelle, Brest, Saint-Malo, Cherbourg, Le Havre, Dunkerque, Calais.

 

  L’insécurité régnait partout...

  Les témoignages des commandos américains des groupes « Lindsey »  rattachés à l’ORA du Cantal et « Patrick » aux FTP de l’Indre, résument avec exactitude quelle pouvait être la méthode opérée par les Allemands pour déjouer et forcer les pièges qui leur étaient tendus. Quand ceux-ci étaient regroupés et suffisamment nombreux, et qu’ils se trouvaient face à une zone réputée dangereuse sur leur itinéraire, tels qu’une lisière de forêt, une intersection de route, un passage obligé et rétréci, un pont, un gué, un virage serré ou un sommet de côte, sans savoir s’il y avait quelqu’un de caché en guet-apens ou pas, ils déclenchaient un feu nourri de toutes leurs armes, lourdes surtout, dans des tirs « à priori », destinés à faire baisser la tête des hommes placés en embuscade, puis ils passaient en force le plus rapidement possible. Les maquisards, s’ils en avaient le temps ou la possibilité, ripostaient ou non.

 

Combien ont pu être montées d’embuscades durant cette période sur les routes de ces quatre départements d’Auvergne ; Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Allier ? Leur décompte précis n’a jamais été effectué. Des centaines certainement, des milliers c’est plus probable encore.

 

  Le 27 août, le dernier Allemand parti, sur ordre du Commissaire de la République Mazières (Ingrand) et du Comité Départemental de Libération (Curabet & Sauvanet), les Colonels Tabouis (Barrère), officier d’active FFI, et Debain (Ligier), des Francs Tireurs et Partisans (Milices Patriotiques), prennent le pouvoir sans effusion de sang dans la capitale du Massif central.

 

  Le lendemain 28, c’est jour de gloire pour la Résistance et jour de fête pour la population. Des colonnes rapides entrent dans la ville pour s’emparer et tenir les points névralgiques, tandis que d’autres se positionnent aux extérieurs. Tous les cafés doivent baisser leurs rideaux et les maquisards ont l’obligation de rester cantonnés à l’extérieur de la localité. On peut comprendre pourquoi…

 

  Enfin, les chefs de la Résistance (Ingrand, Coulaudon, Huguet, Fayard, Schmuckel, Garcie, Llorca, Luc, Menut, Mazuel, Plantier, Jenthial, Tavert, Beaumel, le DMR Vivier, etc.), peuvent entrer et défiler devant la population rassemblée pour recevoir les honneurs devant la Préfecture par un détachement en armes.

 

Au fur et à mesure du déroulement des combats pour la libération de l’Auvergne, les effectifs FFI se sont regroupés pour engager des batailles d’ampleur en nombre avec l’ennemi. Furent constituées des colonnes rapides 1 à 7, qui deviendront au fil du temps, la demi-brigade d’Auvergne, puis la Division Légère d’Auvergne. Sujets déjà abordés. Tous ces combattants de la Résistance, soit environ 20.000 hommes constitueront le Groupement « Schneider » du Général Bertin-Chevance, qui à partir du  Sud-Ouest et du Massif-Central libéré, tout en remontant vers le Nord-Est à la poursuite des Allemands, aura pour mission d’assurer le « flanc-garde Ouest » des armées alliées remontant le long de la vallée du Rhône, et l’interdiction de franchir la Loire aux colonnes ennemies remontant d’Aquitaine.

 

  Durant cette courte période de libération du centre de la France, il fut fait des dizaines de milliers de prisonniers allemands, soit à la suite de l’encerclement de villes de garnison, soit à la suite d’embuscades, soit lors des combats importants qui se sont déroulés à Autun, à Decize, et dans d’autres lieux, avec à terme la reddition des colonnes « Elster » (20.000 hommes) ou « Bauer » (2.000 hommes).

 

  Rien que pour la colonne « Elster » le bilan de cette défaite des troupes allemandes et l’état des matériels récupérés sur l’ennemi est édifiant  :

 

  - 6.000 hommes hors de combattants (tués, blessés,   disparus, déserteurs, etc.)

  - 20.000 prisonniers dont :

  - 2 généraux

  - 470 officiers

  - 43 canons

  - 24.000 armes individuelles

  - 557 mitrailleuses

  - 375 camions

  - 501 voitures diverses

  - 2.000 chevaux

  - etc.

 

  Le 27 août 1944, la ville de Clermont-Ferrand était déclarée libérée après le départ des Allemands. La résistance aux ordres de Henri Ingrand, prenait le contrôle de la ville, rétablissant les institutions républicaines. Le 7 septembre, après les derniers combats s’étant déroulés aux abords de Moulins, l’Auvergne était enfin libérée, principalement du fait de la seule action des maquis.

 

Ce qui est rarement évoqué dans les restitutions historiques de la Libération de cette région du massif central, ce sont les destructions et pertes, tant civiles que militaires, tant humaines que matérielles, que ces combats ont pu générer, et quel a été le bilan de l’épuration qui s’en est suivi.

 

  Le « Maitron des fusillés » recense pour la période de l’occupation un nombre assez précis des victimes de la répression allemande, ceci jusqu’à la libération du pays.   (https://fusilles-40-44.maitron.fr/)

 

  Rien que pour les victimes civiles, 70.000 morts et 100.000 blessés. Pour la Résistance, environ 30.000 morts dont à peu près 14.000 issus des forces FFI dans les combats de la Libération.

 

  Un chiffre annoncé de 90.000 déportés dont près de 36.000 ne reviendront pas…

 

  Le « Maîtron » avance pour la région R6 Auvergne, un chiffre de 1.540 victimes de la répression allemande envers les membres des maquis, qu’ils soient tués au combat, exécutés, abattus, fusillés, etc. Ce qui représente dans le détail ; 360 morts pour l’Allier, 401 morts pour le Cantal, 221 morts pour la Haute-Loire, 558 morts pour le Puy de Dôme.

 

Des chiffres d’une précision remarquable peuvent être aussi consultés sur le listing des tués en Auvergne réalisé par Monsieur Eric Panthou, Chercheur associé au Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » de l’Université de Clermont-Auvergne. Titulaire et lauréat du Prix « Maitron » 1994 pour son mémoire de maîtrise, il a pu recenser de façon individuelle les noms avec leur identité, les circonstances, dates et lieux de leurs décès, de 1.383 résistants victimes des combats de la Libération.

 

  Un fait saute immédiatement aux yeux, c’est le nombre important de jeunes gens victimes de la barbarie nazie, tués durant les combats du Mont-Mouchet, à Pinols, à Clavières, à Ruynes-en-Margeride, à Chaudes-Aigues, etc. Nombreux sont ceux qui ont été mis en terre sans aucune identité avérée, seulement inhumés sous le titre d’ « Inconnus ». Il le sont toujours et le resteront semble-t-il à tout jamais ?

 

A moins que, peut-être, dans un avenir plus ou moins proche, quelqu’un envisage des tests de recherche ADN en parentèle qui permettraient de leur donner enfin un nom ? Ce ne serait que justice rendue en hommage à la mémoire de ces garçons qui se sont sacrifiés pour la Liberté...

 

  Actuellement des recherches scientifiques à caractère historique se multiplient dans tous les domaines de cette période de l’histoire, que ce soit sur l’occupation allemande et la répression, les épisodes de la Résistance, les combats de la Libération, les effets de l’épuration, etc. Pour l’Université de « Clermont-Auvergne », on peut citer pour leurs travaux, les Docteurs en Histoire ou chercheurs Géraud Létang, Hélène Saint-André, Pascal Gilbert, Christophe Grégoire, Christian Estève. On peut penser qu’ils seront rejoints par nombre d’autres chercheurs dans les années à venir, car il s’agit là d’un champ d’études éminemment vaste et prometteur.

 

Les destructions, quelles soient totales ou partielles dans la région sont impressionnantes ; 

 

- Liaisons téléphoniques entre Clermont-Ferrand et Paris impossibles.

  - Centraux téléphoniques et télégraphiques pratiquement tous détruits.

  - Usine Dunlop de Montluçon entièrement détruite par les bombardements alliés.

  - Usine Michelin de Clermont partiellement détruite avec activité réduite.

  - Usines métallurgiques, filatures d’amiante, mines de charbon, hauts-fourneaux   tous  plus ou moins sabotés et pratiquement à l’arrêt.

  - Lignes de transport de courant électrique coupées en de multiples endroits.

  - Routes couvertes d’abattis avec plus de cent ouvrages d’art détruits (ponts,   tunnels)   .

  - Voies de chemin de fer coupées un peu partout avec trente tunnels détruits.

  - Aérodromes totalement détruits par l’ennemi lors de sa fuite.

  - Dépôts de carburants vides ou détruits, soit par l’ennemi soit par sabotage.

  - Production forestière à l’arrêt en raison du manque de main d’œuvre.

  - 1.400 maisons d’habitation détruites et 6.000 endommagées.

  - Nombreux bâtiments administratifs ou collectifs et hors d’usage.

 

Le bilan économique, social et industriel de la région est catastrophique. Toutefois, l’alimentation des populations a pu être assurée dans des conditions à peu près convenables.

 

  Débute alors la période très sensible de l’épuration plus ou moins décriée depuis par les historiens. Dès la fin du mois d’août il est procédé aux premières arrestations, surtout parmi les fonctionnaires d’autorité du régime de Vichy. Près de 3.000 personnes sont placées dans cinq camps d’internement, deux dans l’Allier (Vichy – Tronçay), deux dans le Puy de Dôme (Clermont – Aigueperse) et un dans le Cantal (Saint-Angeau). Près de 800 internés seront libérés, les autres déférés devant la justice.

 

Fin août, les cours martiales sont instituées pour les 4 départements, et les sentences tombent immédiatement, parfois et malheureusement avec quelques  excès ;

 

Pour le Puy de Dôme :

- 32 condamnations à mort

- 4 travaux forcés à perpétuité

  - 10 travaux forcés à temps

  - 4 acquittements et 6 renvois

 Pour la Haute-Loire :

  - 13 condamnations à mort

  - 2 travaux forcés à perpétuité

  - 9 travaux forcés à temps

  - 10 renvois et 8 acquittements

 

  Pour l’Allier :

  - 6 condamnations à mort

  - 3 travaux forcés à perpétuité

  - 6 travaux forcés à temps

  - 7 renvois, acquittements ou emprisonnements

 

  Pour le Cantal :

  - 6 condamnations à mort

  - 2 travaux forcés

  - 4 travaux forcés à temps

 

20 renvois, emprisonnements, acquittements ou suppléments

 

  Début novembre 1944, les cours martiales sont supprimées et remplacées par les cours de justice. L’épuration administrative quant à elle se poursuit auprès des diverses administration de l’« État français », de certaines entreprises et des fonctionnaires de Police. Des centaines de sanctions tombent sur ces fonctionnaires trop « zélés » ; Blâmes, licenciements, interdictions de commander ou d’exercer, suspensions, etc.

 

  Près de 3.000 personnes ont fait l’objet d’une décision de confiscation de profits illicites. D’autres ont été condamnées à des amendes et des confiscations pour un montant total de 500 millions de Francs.

 

  Enfin, le bilan plus ou moins précis sur l’état de la répression judiciaire ou administrative, sur les décisions d’indignité nationale, sur le nombre de déportés, de prisonniers de guerre et de déplacés au titre du STO, ainsi que leur rapatriement, sera fourni par Henri Ingrand dans son ouvrage sur la Libération de l’Auvergne.

 

Pour terminer, que dire sur les exactions qui ont pu être commises lors de l’épuration? Devant certains actes du fait d’éléments isolés ou des groupes ayant procédé à des exécutions sommaires, le 11 juillet 1944, le Commissaire de la République pour l’Auvergne, créé une police du maquis pour mettre un terme, ou du moins limiter ce genre d’événements. Cette police sera constituée dans son essentiel par des gendarmes ayant auparavant rejoint les maquis ou la Résistance. Elle sera placée sous le commandement de Plantier (Versin) des FTP et de Caudron (Bengali), sous le contrôle de Huguet (Prince) Secrétaire Général pour la Police en Auvergne.

 

  Bien entendu la chasse aux miliciens, aux membres du PPF, aux collaborateurs, aux traîtres, aux agents allemands, aux femmes ayant fréquenté l’occupant, est ouverte. S’y adjoint les vengeances personnelles, les jalousies, les appropriations de biens convoités, les ressentiments et frustrations subis durant plusieurs années sous le joug allemand et de ceux, français, qui soutenaient leur cause. Cette situation durera tout l’automne et une partie de l’hiver 1944-1945, avant qu’elle s’atténue lentement au fil du temps.

Quel est le bilan de ces vengeances ? On ne le connaît pas. Après la guerre, pour l’ensemble du pays, des chiffres ont été avancés de près de 100.000 exécutions sommaires. Depuis, à l’issue de nombreuses recherches et études scientifiques sur la question, la réalité tournerait plutôt autour de 10.000 exécutions extra-judiciaires, appelons-les « assassinats », car des innocents ont certainement dû en payer le prix. Pour l’Auvergne, peut-on avancer quelques centaines d’exécutions, nous ne savons pas? Il n’en a pas été tenu de comptabilité. Toujours est-il que cette région du centre de la France, par son engagement dans la Résistance et son action dans la Libération, a payé un lourd, un très lourd tribu à cette noble cause. On peut penser que la réaction excessive d’une partie de la population et de certains membres de la résistance ou des maquis, a été à la hauteur des persécutions et de la répression subies du fait de l’occupant et de ses affidés

 

Sur cette période troublée d’une guerre sourde s’étant déroulée en zone libre durant près de 2 ans seulement, de fin 1942 à fin 1944, nous sommes passés de l’occupation, à la collaboration, puis à la libération, pour en arriver à l’épuration, et en finir par l’expiation…

 

  Oui, certains membres de la collaboration, des miliciens et agents de l’ennemi surtout, ont dû expier leurs crimes. Citons-en quelques uns ;

 

  - Roger Gaussens, milicien, condamné à mort et fusillé le 16 juillet 1947.

  - Jean Vernières, agent de la Gestapo, condamné à mort et fusillé le 19 décembre   1944.

  - Gérard Vernières, milicien, abattu le 15 août 1944 par la Résistance.

  -  Louis Bresson, agent de la Gestapo, condamné à mort et fusillé 19 décembre   1944.

  - Marc Baudoin, agent de la Gestapo, condamné à mort.

  - Jean Achon, chef régional de la Milice, condamné à mort par contumace.

  - Georges Mathieu, agent de la Gestapo, condamné à mort et fusillé le 12   décembre 1944.

  - Jeanne Sautarel, agent de la Gestapo, condamnée aux travaux forcés à perpétuité.

  - ……… Lacassagne, appréhendé le 11 août 1944 et exécuté par le Maquis.

  - Paul Gaydier, franc-gardes, condamné à mort et fusillé le 30 août 1944.

  - L.B. de Chaussenac, franc-gardes, condamné à mort et fusillé le 29 août 1944.

  - Le docteur André de Rollat, chef milicien, condamné à 20 ans de travaux   forcés.

  - Philippe Hostalot, responsable milicien, condamné à mort et fusillé le 20   février 1946.

  - Marcel Lahaye, responsable milicien, condamné à mort et fusillé le 21 juin   1945.

 

   .Robert Labat, collaborationniste, condamné aux travaux forcés à perpétuité.

  - Jean de Verchère, collaborationniste, condamné à 15 ans de travaux forcés.

  - Charles Boudet, franc-gardes, condamné à 20 ans de travaux forcés.

  - Jacques Hatermann, agent de la Gestapo, enlevé et exécuté par les MUR.

  - Paul Letellier, responsable milicien, condamné à 15 ans de travaux forcés.

  - Pierre Goutel, milicien, abattu par la Résistance le 29 avril 1944.

  - Philippe Lescure, franc-gardes, condamné à mort et fusillé le 31 mai 1946.

                                                        - etc.

 

Ces Résistants libérateurs ont-ils pu considérer comme renégats, ces tristes individus qui ont bafoué dans la honte les valeurs de la République et l’honneur de la France ? Les miliciens et les agents français de la Gestapo ? Ceux-là en particulier, oui ! Malheureusement beaucoup sont passés au travers des mailles du filet et des foudres de la Justice…

 

  Rappelons quelques unes de leurs exactions qui ont porté l’opprobre sur l’ensemble du régime d’État de Vichy et ses soutiens. Durant les mois de juillet et août 1944, sans évoquer la répression allemande, celle de la Police et des GMR, il a été recensé en Auvergne, près d’une centaine d’actions criminelles du fait de la milice française ; Vols, exécutions, tortures, pillages, arrestations, viols, violences diverses, incendies, fusillades, etc.

 

  Les assassinats commis parfois avec des actes de tortures innommables tels que celui de Jean Zay, ancien ministre de l’Éducation Nationale, des Résistants Gabriel Molinier, Lucien Salesse, Jean Marchaix, Marcel Signoret, Francis Civade, René Veniat, Albert Tricot, Charles Fevres, Paul Pugnières, Augustin Marcon, André Blandel, Fernand Marleyre, Roger Pradier, Léon Wirlter, Marius Courtiol, André Brioude, etc.

 

  Au mois d’avril, après dénonciation et lors d’un raid sur le PC du Colonel « Gaspard », leur ignominie ira jusqu’à appréhender les épouses de responsables de la Résistance et envoyer deux d’entre elles au camp de Gurs dans les Pyrénées Atlantiques d’où elles ne sortiront qu’à la Libération. Devant leur échec de n’avoir pu capturer ces Résistants, Mesdames Coulandon, Janthial et Troupenat subirent la vengeance de cette barbaresque fasciste à la française qui allait se fourvoyer jusqu’à s’en prendre aux femmes.

 

Redorons ce blason terni et ravivons plutôt la mémoire de quelques unes de ces grandes figures symboliques de la Résistance apparues au grand jour lors des combats de la Libération, qui malheureusement, ont perdu la vie dans des circonstances dramatiques après la guerre.

 

  Le Général Playe mort en Indochine, le Colonel Erulin tué au Tonkin, le Colonel Pütz, abattu dans son hélicoptère en Algérie, le Colonel Thollon, décédé accidentellement en montagne, et bien d’autres encore…

 

 

  Honneur, gloire et reconnaissance à tous ces hommes et femmes, combattants de la Liberté !

Continuons à être les garants de leur mémoire.

 

Sources :

 

- Henri Ingrand, Libération de l’Auvergne, Hachette, 1974.

- Gilles Lévy, A nous Auvergne, Presses de la Cité, 1981.

- Gilles Lévy, l’Auvergne des années noires, De Borée, 2000.

- Jean-Louis Salat, l’Aigle sur Dordogne, Albédia Imprimeurs, 2009.

- Stéphane Luc-Belmont, De l’ombre à la lumière, La Source d’Or, 2005.

- Stéphane Simonnet, Maquis et maquisards, Belin , 2015.

- Jean-Paul Gires, Commando OSS américain, Obolensky, Lyner éditions, 2020.

- Eric Panthou, Chercheur associé Université de Clermont-Auvergne, Espace & Cultures,

- A. de Dainville Augustin, l’ORA, Lavauzelle, 1974.

- Internet : Témoignage de Mac-Namarra OSS /OG commando « Lindsey »

- Internet : Le Maitron des fusillés, exécutés, abattus...

- https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/.

- Wikipédia : Bilan des victimes de la 2ème guerre mondiale.

- Wikipédia : Académie de Reims, morts militaires et civils 2ème guerre mondiale.

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