Elle a tout connu. Le coup de feu des cuisines du Ritz et les discrètes tables diplomatiques, Mégève et les Caraïbes, Londres et le Maroc, la croisière culinaire au large de la Thaïlande. Et la célébrité médiatique, lorsqu'elle délivrait ses conseils de cuisine sur la télévision publique allemande.

Elle a tout connu, mais il lui manquait une chose : le temps. Un autre rapport aux gens. Et c'est ce que Martina Kömpel est venu chercher à Servières-le-Château. La chef y ouvre ce mardi Les contes de bruyères. « Son » restaurant aux 40 couverts.

« J'ai compris qu'il n'y a pas que l'argent dans la vie… » Dans un français parfait, Martina Kömpel résume la philosophie de son installation entre Argentat et Saint-Privat. Elle aurait pu ouvrir un restaurant gastronomique dans n'importe quelle capitale, commander une armée de cuistots et penser chiffre d'affaires. Elle a choisi la simplicité et le calme. « Ici, il n'y a pas de stress. Je veux apporter de la convivialité, faire vraiment quelque chose de très bien, à prix abordable ».

Repas ouvrier le midi (13 €), gastronomique le soir (28 et 35 €). Avec une cuisine française revisitée, dont elle ne veut pas dévoiler les saveurs trop vite. « On va grandir ensemble, entre ma cuisine et mes clients ».

Ceux qui ont pris un premier repas ouvrier, vendredi à l'occasion de la fin des travaux du restaurant, ont pu jauger des qualités futures de la table serviéroise : grande finesse, et simplicité.

Cela devrait assurer rapidement la réputation des Contes de bruyères, et redonner de la vie à l'endroit. La grande bâtisse s'appelait autrefois Les Bruyères. Martina Kömpel se réfère à la période d'or, lorsqu'une très bonne cuisine française était servie par Chantal et Jeannot Marinie, pendant 30 ans.

« On va grandir ensemble, ma cuisine et mes clients »

Martina s'en souvient. « Ça fait 25 ans que je fréquente la région. On a commencé par le camping, puis mes parents ont acheté une ferme ici. Et on mangeait très bien aux Bruyères ». La chef est un peu comme à la maison. Mais elle n'était pas prédestinée à reprendre ce restaurant.

Après la cessation d'activité des derniers tenanciers, en 2011, la commune rachète le fond, les murs et le matériel. Et entame la rénovation de l'ensemble (pour un investissement de 480.000 €), avec pour objectif d'installer ensuite un restaurateur.

Pas de friteuse

Martina Kömpel arrive in extremis et se propose de prendre l'affaire. « J'ai donné mon avis sur les travaux en cours. Surtout, j'ai la cuisine que je veux. Avec le même budget, j'ai fait modifier le projet. C'était une cuisine pour quelqu'un qui ne sait pas cuisiner. Je n'ai pas voulu de friteuse ou de grand four ». Le projet est repensé avec son 'il professionnel.

Martina Kömpel devient propriétaire du fond et du matériel, loue les murs. Et se lance dans un nouveau challenge, celui d'une table de haute tenue en milieu rural. Rêve-t-elle d'une étoile ? « Je m'en fiche royalement ! »

Jean-Louis Mercier
jean-louis.mercier@centrefrance.com