Opération Cadillac : témoignages / witness accounts
Rédigé par Alan dans la rubrique Operation Cadillac, Les Alliés
Ci-dessus
livre "Parachutes rouges blancs et bleus".
Louis Quijada, âgé de 87 ans, est décédé paisiblement le 27 février 2012 au V.A. Centre de vie communautaire à Long Beach après une brève maladie. Il laisse dans le deuil son épouse bien-aimée,
Graciela, ses enfants Louis, Gracemarie, John et Paul, son petit-fils Phillip et quatre de ses neuf frères et sœurs, Robert, Stella, Lydia et John. Né et élevé dans la région de North Hollywood à
Los Angeles, il était diplômé de l'Otis Art Institute et a vécu pendant les 60 dernières années à South Whittier. Il a fait une carrière de graphiste spécialisé dans la publicité imprimée avant
de prendre sa retraite en 1989. Il a fièrement servi dans le 100th Bomb Group de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale en tant qu'opérateur radio et mitrailleur à bord d'un
bombardier B-17 et a pris part à la Invasion du jour J de la France occupée le 6 juin 1944. Cinquante ans plus tard, il revient en France pour participer à diverses célébrations commémoratives et
pour visiter le site où l'avion de son équipage s'est écrasé en septembre 1944, expériences qu'il relate dans son auto-publié livre "Parachutes rouges blancs et bleus". Il était un membre actif
de son église.
The following are some witness accounts of Operation Cadillac, the parachute drop to the Resistance on 14th July 1944. The accounts / témoignages are from resistants and locals on the ground and from US airmen from the air.
Voici quelques témoignages de l'opération Cadillac, le parachutage de la Résistance le 14 juillet 1944. Les témoignages proviennent de résistants et d'habitants du terrain et d'aviateurs américains depuis les airs.
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Témoignage de R. Picard (Terrain Footman à Loubressac) du livre Ombres et espérances en Quercy :
Et puis, au bout de cette attente, un bruit d'abord lointain, et qui se précise en prenant de l'ampleur ; c'est un ronronnement qui remplit tout le ciel. Et soudain, au nord-ouest, scintillent
dans le soleil de magnifiques étoiles. Elles brillent avec plus d’éclat à mesure qu'elles approchent, et l'on distingue enfin les lignes élégantes des beaux avions libérateurs (447th
BG).
Le moment est pathétique. Pas un nuage ne ternit la pureté de tout ce bleu, et bientôt, au milieu des bras tendus vers ces anges de libération, passent et repassent non
seulement les gros porteurs, mais encore, étourdissants de souplesse et de rapidité, les chasseurs d'escorte.
Chacun de nous sent son coeur vibrer de confuses émotions. La certitude de force et de beauté, sous laquelle apparaît le bien chassant les forces du mal. Une immense espérance tombe
du haut du ciel, et plus d'un sans doute, qui n'avait pas pleuré depuis longtemps, aura alors été surpris à dissimuler une petite larme ».
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The following extract is reproduced with the kind permission of 100th BG Foundation
On Target : The WWII story of a B-17 Crew with the "Bloody Hundredth" 8th Air Force
by Charles E. (Chuck) Harris
Mission #24, "Cadillac," South France, July 14, 1944 (Bastille Day)
L'extrait suivant est reproduit avec l'aimable autorisation de 100th BG Foundation On Target : L'histoire de la Seconde Guerre mondiale d'un équipage de B-17 avec le "Bloody Hundredth" 8th Air Force de Charles E. (Chuck) Harris Mission #24, "Cadillac", Sud de la France, 14 juillet 1944 (14 juillet)
This was our first Pathfinder mission, with Major Fuller as command pilot, Capt "Big Pete" Peterson as command navigator, and Lt Mike Kretow as Pathfinder navigator. We flew to Thorpe Abbotts the evening before the mission and reported for briefing early the next morning.
Before discussing the pending mission it is appropriate to dedicate a few words to "Big Pete." All groups had their characters, and Big Pete was one of the 100th's. We knew him especially well as he lived in our Nissan Hut at Thorpe Abbotts. Big Pete had many stories and often entertained us in our quarters. In addition to being a loveable character he was an excellent navigator, hence his assignment to PFF crews.
C'était notre première mission Pathfinder, avec le Major Fuller comme pilote de commandement, le Capt "Big Pete" Peterson comme navigateur de commandement et le Lt Mike Kretow comme navigateur Pathfinder. Nous nous sommes envolés pour Thorpe Abbotts la veille de la mission et nous nous sommes présentés au briefing tôt le lendemain matin. Avant de discuter de la mission en cours, il convient de consacrer quelques mots à "Big Pete". Tous les groupes avaient leurs personnages, et Big Pete était l'un des 100e. Nous le connaissions particulièrement bien car il vivait dans notre Nissan Hut à Thorpe Abbotts. Big Pete avait beaucoup d'histoires et nous divertissait souvent dans nos quartiers. En plus d'être un personnage attachant, il était un excellent navigateur, d'où son affectation aux équipages PFF.
At the briefing we learned why our crew ha practiced parachute drops a few weeks prior. This Bastille Day mission we would be dropping arms and supplies to the French Maquis in the southeastern part of France sixty miles south of Limoges (at Moustoulat). The 100th put up Groups A, B, and C each consisting of 12 planes. Group A, our group, was the wing leader. Instead of a load of bombs our bomb-bay was filled with 12 cylindrical containers with attached red, white, or blue parachutes. The colors indicated the contents of the cylinders.
Lors du briefing, nous avons appris pourquoi notre équipage s'était entraîné quelques semaines auparavant. Cette mission du 14 juillet, nous larguerions des armes et des fournitures au maquis français dans le sud-est de la France à soixante miles au sud de Limoges (à Moustoulat). Le 100e a mis en place les groupes A, B et C composés chacun de 12 avions. Le groupe A, notre groupe, était le chef d'escadre. Au lieu d'un chargement de bombes, notre soute à bombes était remplie de 12 conteneurs cylindriques avec des parachutes rouges, blancs ou bleus attachés. Les couleurs indiquaient le contenu des cylindres.
Takeoff was as 0445. After assembly at 13,000 feet we proceeded south to France. En-route Lt Kretow determined the PFF was not functioning. This meant that Lloyd and Pete must navigate to the target by dead reckoning as we were over solid overcast. Shortly after crossing into France our fighter support joined us. I have often wondered how they navigated.
Le décollage était à 0445. Après l'assemblage à 13 000 pieds, nous nous sommes dirigés vers le sud en France. En route, le Lt Kretow a déterminé que le PFF ne fonctionnait pas. Cela signifiait que Lloyd et Pete devaient naviguer vers la cible à l'estime car nous étions sur un ciel couvert. Peu de temps après avoir traversé la France, notre soutien de chasse nous a rejoints. Je me suis souvent demandé comment ils naviguaient.
The two navigators selected a large lake in southern France as an interim checkpoint prior to the drop. After an hour or so they told me to descent through the clouds. When we broke out, we were over the lake. Lloyd and Pete heaved a sigh of relief. Decent was continued to the drop altitude of 1200 feet. This was farm country and locating the field where the Maquis were waiting was to easy task but Lloyd and Pete guided us there. It had been a difficult navigation assignment and confirmed the policy of having two navigators assigned to lead planes. Thirty-six B-17’s and the Maquis were depending on them.
Les deux navigateurs ont choisi un grand lac du sud de la France comme point de contrôle provisoire avant le largage. Au bout d'une heure environ, ils m'ont dit de descendre à travers les nuages. Quand nous avons éclaté, nous étions au-dessus du lac. Lloyd et Pete ont poussé un soupir de soulagement. La descente s'est poursuivie jusqu'à l'altitude de chute de 1200 pieds. C'était un pays agricole et localiser le champ où les Maquis attendaient était une tâche facile, mais Lloyd et Pete nous y ont guidés. Cela avait été une mission de navigation difficile et confirmait la politique d'avoir deux navigateurs affectés aux avions de tête. Trente-six B-17 et le maquis dépendaient d'eux.
To appreciate the navigational difficulties of our Bastille Day mission, imagine taking off from the St. Louis Airport with a pasture west of Atlanta, Georgia as your destination. You climb
through the clouds to around 12,000 feet and turn southeast toward Atlanta. After three hours without seeing the ground and without electronic guidance, descend through the clouds and there is
the lake you had designated as a checkpoint! You fly another half hour southeast and directly ahead is that cow pasture with smoke pots and hundreds of Frenchmen waiting.
Pour apprécier les difficultés de navigation de notre mission du 14 juillet, imaginez décoller de l'aéroport de Saint-Louis avec un pâturage à l'ouest d'Atlanta, en Géorgie, comme destination. Vous montez à travers les nuages à environ 12 000 pieds et tournez vers le sud-est en direction d'Atlanta. Après trois heures sans voir le sol et sans guidage électronique, descendez à travers les nuages et voilà le lac que vous aviez désigné comme point de contrôle ! Vous volez encore une demi-heure vers le sud-est et directement devant vous se trouve ce pâturage pour vaches avec des pots à fumée et des centaines de Français qui attendent.
Over the ensuing years I have often wondered about the reaction of those brave Frenchmen. It is doubtful that many of them had either seen or heard a B-17. Here there were 36 of them in formation
thundering toward them at a thousand feet. The noise of the engines in itself must have been ear shattering. Then to see 432 colored parachutes dropping toward them must have been frightening,
dangerous, and exciting.
Au cours des années qui ont suivi, je me suis souvent interrogé sur la réaction de ces braves Français. Il est douteux que beaucoup d'entre eux aient vu ou entendu un B-17. Ici, il y en avait 36 en formation qui fonçaient vers eux à mille pieds. Le bruit des moteurs en lui-même devait être époustouflant. Ensuite, voir 432 parachutes colorés tomber vers eux a dû être effrayant, dangereux et excitant.
Exactly 50 years later on Bastille Day, Lloyd Coartney and a group of ten other veterans and their families met with hundreds of French Patriots on the field where our parachutes landed. Lloyd reported that it was an emotional and heart warming experience. The French citizens rolled out the red carpet for these American veterans. Anyone interested in a fully detailed account of the commemorative affair should consult Louis Quijada’s excellent book, Red, White and Blue Parachutes.
Exactement 50 ans plus tard, le 14 juillet, Lloyd Coartney et un groupe de dix autres anciens combattants et leurs familles ont rencontré des centaines de patriotes français sur le terrain où nos parachutes ont atterri. Lloyd a rapporté que c'était une expérience émotionnelle et réconfortante. Les citoyens français ont déroulé le tapis rouge à ces vétérans américains. Toute personne intéressée par un récit détaillé de l'affaire commémorative devrait consulter l'excellent livre de Louis Quijada, Red, White and Blue Parachutes.
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Témoignage du Commandant André Decelle (Didier) commandant le groupe de résistants du barrage de l'Aigle du livre par Gilles Lévy - 14 juillet 1944 « Opération Cadillac » :
Le temps est magnifique, le soleil est triomphal. Tout à coup on commence à entendre comme un bourdonnement, un bruissement d'un gigantesque essaim d'abeilles. Ce doit être eux. Le bruit s'impose peu à peu, puis domine tout, assourdissant. Ce sont eux, on les aperçoit maintenant scintillant au soleil en formation serrées. Ils sont plus de cent. On n'ose y croire, tout cela est au-dessus de nous ? Des escadrilles de forteresses B17 et au dessus des chasseurs qui tournoient... Pour baliser le terrain on a allumé trois grands feux en triangle, la fumée monte épaisse et droite. Ils les ont repérés de là haut. Des lumières vertes, blanches clignotent en queue de l'avion de tête, celui du leader puis voilà des fusées avec de longues traînées de fumée.
Et finalement les avions amorcent un immense virage et se dirigent vers la Corrèze, après avoir franchi les gorges de la Dordogne, mais les revoilà qui ferment la boucle avec toujours les chasseurs batifolant au-dessus.
Africain (Robert Koenig) est maintenant en contact permanent car il communique avec les avions qui sont au-dessus de nous par l'intermédiaire de Londres. Contact radio avec le leader. Lettre d'identification reconnue « OK on largue. Go ».
Ils parachutent par vagues en piquant sur nous. C'est féerique, chaque vague plonge et se déleste d'une centaine de parachutes multicolores rouges, verts, oranges, blancs. Quel vacarme assourdissant, on entend aussi les chocs sourds des containers sur le pré, puis les parachutes s'affalent dessus mollement. Et voici une nouvelle vague et une autre et une nouvelle encore. Et encore une, six fois de suite. A la dernière, en ce 14 juillet, les parachutes sont bleus, blancs et rouges. Il y en a 431 jonchant les près.
Mais les forteresses tournent et on les aperçoit là-bas à l'horizon, ce doit être vers Saint-Privat qu'ils répètent l'opération. Voilà l'explication de la manoeuvre de toute à l'heure. Et maintenant, au-dessus de nous, il n'y a plus que des chasseurs qui font des acrobaties. Et soudain tac, tac, tac... En guise d'adieu les voilà qui tirent à la mitrailleuse. Puis le silence retombe. Nous voilà seuls un peu hébétés du travail qui nous reste, 47 tonnes de material à l'oeil.
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Témoignage d'Henri Gambade à l'occasion d'un rendez-vous du Rotary Club en novembre 2006 retraçant la période des parachutages dans la région de Quercy :
Le 13 juillet, dans le flot des messages codés, Michel assisté de Zigzag enregistre et reçoit : « Le message suivant a une urgence extrême pour Maxime : soyez prêts demain vendredi dans la
journée, attendez 430 containers à 5 heures GMT »
Puis le soir, la BBC confirme : « L'éléphant du Jardin des plantes s'appelle Charles »
Il y avait d'abord eu dans la journée 2 fois ce même message sans le prénom. Ce prénom dont les sept lettres correspondaient chacune à 30 minutes, soit : 3h 30, ce qui donnait l'arrivée pour 8 h
30, le jour du 14 juillet 1944.
Pendant la nuit, tout le monde est en effervescence. A 6 heures le matin tout est en place. Soudain, apparaît le mouchard allemand. Comme tous les matins, il a l'air bien renseigné. Camouflage
obligé. Michel est au château de Loubressac ou il a passé la nuit avec Max ; il attend de rentrer en contact avec la mission.
- 8 h 30 ça y est ! A 10 minutes de l'objectif, l'ordre est donné par radio :
- « Faîtes de la fumée, le contact phonie est établi, la lettre d'indentification est reconnue ! »
Un bruit, d'abord lointain se rapproche et soudain on voit apparaître toute l'armada dans un bruit assourdissant : 75 forteresses volantes, des B17, des B22, des avions à 4 moteurs, se
présentent à 1000 mètres, entourés par 200 chasseurs Mustang qui virevoltent dans le ciel totalement bleu.
35 gros porteurs se détachent sur le site, font un tour et reviennent larguant 462 containers suspendus à plus de 1000 parachutes dont la plupart sont bleus, blancs ou rouges. Julien
Laplaze de la Maresque réussira dans la nuit précédente à rassembler 48 attelages de chars à bœufs pour effectuer le ramassage des containers.
Que d'émotions ! Que de joies ! Mais aussi que de craintes devant les risques ! Enfin à 17 heures, les derniers containers sont rassemblés malgré, parfois, les difficultés d'accès ; Il a
fallu plus d'une vingtaine de camions pour évacuer le tout.
Ce parachutage a été effectué par le 447th Bomb Group américain (basé à Rattlesden dans le Suffolk).
La chasse aux parachutes a doté les plus chanceux, heureux de rapporter à la maison des toiles extrêmement fines que nous ne connaissions pas et qui ont servies par la suite à la confection de
chemisiers, très appréciés par la famille ou les amies. Quelques jours après avoir fait l'inventaire, il convient de distribuer ce qui reste
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Extract from Red, white and blue parachutes by Louis Quijada (100th BG), published in 1997 :
There were 36 planes in our formation - three groups of twelve - and the Terrible Termite was leading the low group. We had been flying at an altitude of 12,000 feet but as we entered the
area we started to descend. By the time we got there we were practically skimming the treetops at 500, 1000 and 1500 feet. Try to imagine what it must have been like to the unsuspecting farmers
and villagers along our path, to suddenly hear the roar of 144 engines and see us speeding by over their heads. It must have been frightening. But not to our Maquisards. They were
waving their arms wildly and cheering their lungs out, specially when the prized supplies dropped from our bomb bays and floated down on the parachutes. To add to the excitement of the Frenchmen,
the parachutes were made out of red, white and blue silk, the colors of the French flag! Of course it can be said that they were also the colors of our flag, but what the heck....it was Bastille
Day, after all.
Extrait de Parachutes rouges, blancs et bleus de Louis Quijada (100e BG), publié en 1997 : Il y avait 36 avions dans notre formation - trois groupes de douze - et le Terrible Termite menait le groupe bas. Nous avions volé à une altitude de 12 000 pieds, mais lorsque nous sommes entrés dans la zone, nous avons commencé à descendre. Au moment où nous sommes arrivés, nous effleurions pratiquement la cime des arbres à 500, 1000 et 1500 pieds. Essayez d'imaginer ce que cela a dû être pour les agriculteurs et les villageois sans méfiance le long de notre chemin, d'entendre soudainement le rugissement de 144 moteurs et de nous voir passer au-dessus de leurs têtes. Ça a dû être effrayant. Mais pas à nos Maquisards. Ils agitaient sauvagement leurs bras et poussaient leurs poumons, surtout lorsque les précieuses fournitures sont tombées de nos soutes à bombes et ont flotté sur les parachutes. Pour ajouter à l'excitation des Français, les parachutes étaient en soie rouge, blanche et bleue, les couleurs du drapeau français ! Bien sûr, on peut dire qu'elles étaient aussi les couleurs de notre drapeau, mais tant pis... c'était le jour de la Bastille, après tout.
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Rencontre avec Alberte et Marcel GROUILLE du magazine internet Esprit Pays : Bulletin d'information de la Communauté de Communes du Pays d'Argentat.
Avec l'aimable autorisation du magazine trouvez ci-dessous un extrait du bulletin n° 5 de mars 2010
Parachutage du 14 juillet 1944 (Moustoulat)
Plusieurs centaines de maquisards réceptionnent 3791 containers, soit 417 tonnes d'armement et de matériels, parachutés par 349 bombardiers B17, accompagnés de 524 chasseurs P51 Mustang et P47 Thunderbolt.
"Le plus beau souvenir de notre jeunesse”
Ce 14 juillet 1944, âgée de 11 ans, Alberte GROUILLE témoigne : "Le temps était magnifique, le ciel était bleu sur Ménoire et à 9 heures du matin, un énorme vrombissement de moteurs nous a fait découvrir une flotte d'avions (100th BG) dans le ciel. Dès que nous avons pris conscience que c'était des avions alliés, les femmes appartenant au maquis ont agité une multitude de petits drapeaux bleu, blanc, rouge. Nous avons très vite deviné que ces avions se dirigeaient vers les Chancèves afin de parachuter des armes aux nombreux maquisards présents sur le secteur.” Marcel, qui était alors un adolescent de 14 ans, aidait à la moisson à Salgues sur la commune de Neuville : “C'était un spectacle magnifique, je voyais des parachutes de toutes les couleurs peindre le ciel. Le parachutage d'armes était en train de se dérouler sous nos yeux, j’ai quitté les travaux des champs pour aller aider les maquisards à récupérer les armes et cacher les parachutes, cela a duré jusqu'à la nuit tombée.” Les yeux envahis de larmes, Alberte et Marcel relatent cette journée : “Ce moment restera le plus beau souvenir de notre jeunesse car cette aviation et le largage de ces containers d'armes représentaient pour nous tout l'espoir de la victoire alliée et le retour de la liberté pour notre pays”.
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Extrait du livre Le parachutage de Moustoulat : le 14 juillet 1944 par Pierre-Yves Roubert :
Chargé du balisage pour les avions, le groupe de Marcel Roche, de la compagnie Meyer, compagnie de Mascheix.
« Nous étions un petit groupe chargé de l'allumage des feux. Nous avions préparé deux feux de bois du côté du terrain où nous étions. Nous avions mis du bois vert au-dessus, car comme le parachutage avait lieu en plein jour, c'est la fumée davantage que les flammes qui guidait les pilotes. Vers 8 h 30, nous avons entendu un bruit d'avion. Nous allions allumer les feux quand nous nous sommes rendu compte qu'il s'agissait du "mouchard" allemand. Personne n'était en vue sur le terrain et il ne s'attarda pas. Vers 9 h 30, cette fois les bombardiers sont arrivés. Nous avons allumé aussitôt. Le parachutage a eu lieu. C'était magnifique de voir tous ces parachutes en couleurs, surtout la vague bleu blanc rouge ! Quand les avions sont partis, le terrain est aussitôt devenu une vraie fourmilière. Nous, nous sommes retournés à Mascheix ».
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Témoignage d'Henry Ingrand (Rouvres), commisaire de la République et chef des M.U.R. de la Région 6. Extrait du livre Opération Cadillac 14 juillet 1944 par Gilles Levy publié en 1989 :
« Voici les bombardiers, c'est impressionnant. Ils passent d'abord assez haut en formation de vol. Nous comptons deux formations, les chasseurs virevoltent comme des chiens de berger autour d'un troupeau. Le bruit est considérable. La formation se divise en deux : 36 appareils parachutent sur notre terrain et les autres sur un terrain situé en Corrèze à environ 1 km de nous à vol d'oiseau (Terrain "Trammond"à Puy Quinsac). Les voici aile dans aile à quelques centaines de mètres d'altitude. Six bombardiers passent trappes ouvertes et c'est la floraison de parachutes multicolores à raison de 12 appareils, cela fait près de 72 par vague et celles-ci se suivent sans interruption.
Au-dessus de nous les équipages nous font des signes par les trappes. Autour de nous, il pleut ferme et dru des ballots et des containers qu'il vaut mieux éviter de recevoir sur la tête. C'est tout simplement formidable ! »